mardi 14 mai 2013

Optique: Les vrais coûts des opticiens indépendants


Choix de lunettes chez un opticien.

Choix de lunettes chez un opticien. ISOPIX/SIPA

INTERVIEW - Marges, temps de travail, frais fixes, le groupe d’opticiens indépendants ALL a accepté de répondre en toute transparence aux critiques formulées fin avril par l’UFC-Que Choisir...

Une étude «biaisée» et «partielle».Voilà comment Stéphanie Dangre, la présidente du groupe ALL, premier réseau d’opticiens indépendants  regroupant  1.900  magasins sur tout le territoire conteste l’enquête publiée le 23 avril dernier par l’UFC-Que Choisir pour dénoncer les «surcoûts exorbitants» et le «modèle économique aberrant  du marché de l’optique en France. «Cette étude nous a choqués et meurtris car il manque des informations essentielles»,  explique-t-elle. Réponse point par point.
L’estimation de l’UFC d’un prix moyen de  470 euros pour un équipement optique est-il exact?
Le prix moyen ne veut rien dire. Au sein de notre réseau, il y a des écarts énormes entre les prix d’un magasin très bien placé dans l’hypercentre de Paris avec un loyer annuel de 120.000 euros et ceux d’un magasin d’une zone commerciale à la campagne au loyer de 5.000 euros/an.  Par ailleurs, le prix est essentiellement lié à la qualité, la rareté mais aussi à la marque du produit. Un panier peut varier entre un plus bas de 29 euros en passant par 200-250 euros et jusqu’à plus de 1 .000 euros pour des montures en or dans des magasins très pointus.
Avez-vous vraiment des marges commerciales brutes de 233% et nettes de 10%?
Dans notre réseau nous observons des marges brutes comptables d’environ 60% et des marges nettes d’environ 6,7%. Les chiffres de l’UFC ne sont pas calculés sur la même base, mais pas très différents. Là où l’analyse est biaisée c’est quand l’UFC dit que c’est trop. Ces taux sont comparable à ceux d’autres commerces d’équipement de la personne (46,8% en 2010). Or nous ne sommes pas des commerçants comme les autres: c’est un métier de transformation. Non seulement en raison des investissements de matériels très importants (appareils de mesures, taille des verres, etc.) mais aussi en raison du temps passé à fabriquer les équipements. Quand l’UFC-Que Choisir dit que nous ne vendons que 2,8 équipements en moyenne par jour/magasin elle a raison, mais elle oublie de dire qu’il faut en moyenne 166 minutes de travail pour en vendre et fabriquer un. Donc c’est normal.

Adhérer à un réseau de soin d’une mutuelle ou d’une complémentaire santé permettrait-t-il de réduire les prix de 30 à 40%?
Ce serait une catastrophe. Si on baissait nos tarifs de 30 à 40% on déposerait tous le bilan. Dans ces réseaux, à ce prix-là les consommateurs n’ont pas accès à des équipements de qualité identique. Les organismes complémentaires font signer des engagements qui contraignent les opticiens à ne plus vendre certains produits haut de gamme, ce qui prive le consommateur de l’accès à l’innovation. C’est la même arnaque que celle qui consiste dans les grandes enseignes à faire croire que l’on vous offre le deuxième équipement à 1 euro. Ce n’est bien sûr pas le même produit.

Les opticiens n’ont-ils pas tendance à gonfler la note avec des produits trop sophistiqués et chers?
Tout n’est pas parfait. Il est certain qu’il y a des choses à améliorer. Il faut donner accès à tous les Français à une bonne vision mais les clients doivent pouvoir choisir. Pour cela, il faut de la concurrence et de la transparence. La solution que nous avons proposée au gouvernement, et que nous appliquons déjà au sein de notre label «Les opticiens libres», est d’obliger l’opticien à faire deux devis: un à prix modéré, l’autre avec des options de confort en informant bien consommateur qu’en optique on peut avoir tous les prix. Et que le meilleur gagne!
 Propos recueillis par Claire Planchard


Créé le 13/05/2013 à 11h28